Mentre gli sputi rossi della mitraglia
fischiano tutto il giorno nell’azzurro infinito;
mentre rossi o verdi, accanto al Re che li irride,
cadono i battaglioni compatti sotto il fuoco;

mentre una follia orrenda maciulla ed accatasta
centomila uomini in un fumante cumulo;
-Poveri morti! D’estate, in mezzo all’erba, nella gioia
della Natura che santi li aveva generati!…-

C’è un Dio che ride fra i damascati drappi
dell’altare, fra gli incensi ed i gran calici d’oro;
un Dio che s’assopisce cullato dagli osanna,

e si risveglia, quando le madri unite
nell’angoscia, piangendo sotto la cuffia nera,
gli offrono una moneta chiusa nel fazzoletto!

ARTHUR RIMBAUD, Poesie, 1870, trad. di Laura Mazza

Le mal

Tandis que les crachats rouges de la mitraille
Sifflent tout le jour par l’infini du ciel bleu;
Qu’écarlates ou verts, près du Roi qui les raille,
Croulent les bataillons en masse dans le feu;

Tandis qu’une folie épouvantable, broie
Et fait de cent milliers d’hommes un tas fumant;
– Pauvres morts ! dans l’été, dans l’herbe, dans ta joie,
Nature ! ô toi qui fis ces hommes saintement!…

– Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassées
Des autels, à l’encens, aux grands calices d’or;
Qui dans le bercement des hosannah s’endort,

Et se réveille, quand des mères, ramassées
Dans l’angoisse, et pleurant sous leur vieux bonnet noir,
Lui donnent un gros sou lié dans leur mouchoir.

ARTHUR RIMBAUD, Poésies, 1870